Fontaine-lès-Dijon dans Le Bien public de 1965

L’année 1965 est une année électorale avec les élections municipales en mars. Signe de l’extension de la commune, le nouveau conseil comprend 21 membres au lieu de 17 et les électeurs bénéficient d’un second bureau de vote à l’école des Saverney, en plus de celui qui se tient habituellement à la mairie. Une seule liste sans étiquette est en lice et les électeurs renouvellent leur confiance à 13 anciens conseillers sortants. Jean Souny est réélu maire à l’unanimité pour six ans.

Un autre grand rendez-vous électoral a lieu en décembre afin de désigner le président de la République pour un mandat de sept ans. Pour la première fois sous la Ve République, le scrutin se déroule au suffrage universel. Le vote des Fontainois au deuxième tour est à l’image de celui des Français avec 55% des voix en faveur du général de Gaulle contre 45% pour François Mitterrand. À Fontaine, le président sortant a largement bénéficié du report des 20% de voix centristes qui s’étaient portées au premier tour sur Jean Lecanuet.

Après sa réélection, dans son discours de remerciements au conseil municipal, Jean Souny analyse la situation de Fontaine : « Elle ressemble à un enfant qui grandit trop vite. Les bases mêmes de la commune se modifient rapidement sur le plan géographique (le village n’est plus tout seul) et démographique (Fontaine compte atteindre 5 000 habitants en 1967). L’adaptation des services généraux à ces nouvelles structures subit une double accélération : celle du progrès et celle de l’accroissement du nombre d’habitants. Mais intervient un puissant facteur de freinage : l’argent, ce nerf incontesté de toutes les réalisations, moyen unique de travail qui, hélas ! nous arrive bien parcimonieusement ». À chaque conseil municipal, le maire fait le point sur l’état des projets d’assainissement, de renforcement du réseau d’eau potable, de constructions, d’élargissement de chemins ou de leur détournement. Pour tous les dossiers, la programmation des infrastructures est suspendue aux subventions, aux autorisations des administrations. Finalement, en 1965, en dehors des travaux de voirie et d’entretien des bâtiments communaux, seule débute l’exécution de la très modeste première tranche des travaux d’assainissement.

La commune quitte donc une situation mi-rurale, mi-citadine pour s’acheminer vers une urbanisation de plus en plus complète et la demande d’accueil des enfants dans des structures pendant les grandes vacances s’accentue. Le centre aéré laïc qui fonctionnait tout l’été pour les Dijonnais aux Champs d’Aloux, sur les terrains appartenant au Grand Séminaire, s’ouvre aux petits Fontainois.

Sur le plan cultuel, après une interruption de deux ans, les travaux de la chapelle Saint-Martin commencés en 1961 ont repris et la chapelle est inaugurée le 11 novembre.

Le curage de la mare en 1965.

Par ailleurs, la municipalité se préoccupe de l’embellissement du village et de l’hygiène en particulier, c’est pourquoi elle procède au curage de la mare avec une pelleteuse, ce qui, rétrospectivement, fait frémir aujourd’hui quand on connaît la fragilité de la couche imperméable qui la tapisse !

 

Le Cercle Saint-Bernard continue à animer la vie culturelle avec des séances de cinéma, des comédies, des sorties, des conférences et la remise de colis pour Noël aux personnes âgées. L’une des conférences fait écho à la détente entre l’Est et l’Ouest après le règlement de la crise de Cuba en 1962, ce qui a permis à deux Dijonnais de profiter des facilités accordées aux touristes par l’URSS et de venir témoigner de qu’ils ont vu. Néanmoins, malgré son succès, le Cercle Saint-Bernard a des difficultés de recrutement de nouveaux jeunes et lance un appel auprès des arrivants, afin qu’ils viennent le rejoindre et qu’il puisse ainsi poursuivre ses activités théâtrales.

Comme on peut le voir, le problème du renouvellement des bénévoles n’est pas nouveau, de même que les incivilités qui donnent lieu à des appels du maire à un « peu d’esprit civique qui devrait faciliter les choses ». C’est ainsi que l’édile fustige « les conducteurs qui considèrent la rue comme une annexe de leur domicile et y laissent stationner leur voiture sans nécessité et sans souci de la gêne occasionnée », ou « les partisans sans doute du moindre effort qui se refusent à parcourir les 20 ou 30 m qui les séparent du dépôt créé pour les fleurs fanées et jettent les débris à l’intérieur du cimetière » …

Sigrid Pavèse

PUBLICATIONS

Coloriages : Le patrimoine de Fontaine-lès-Dijon aux éditions Édisen

 

À vos crayons, feutres, pastels ou pinceaux ! Détendez-vous et laissez courir votre imagination en explorant le patrimoine de Fontaine-lès-Dijon grâce à des dessins à l’encre de Nicole Lamaille. Ils sont agrémentés de courtes explications pour une première approche de l’histoire locale sous le regard d’un petit phénomène qui dit ce qu’il pense …

 

 

Version numérique : Coloriages à imprimer gratuitement pour petits et grands.
Fontaine-Livret-Coloriage-MD-PDF
Fontaine-Livret-Coloriage-2-PDF

Version papier
Tirage limité au prix de 9,50 € qui inclut les frais de port. À commander auprès des AVF, 2 rue du général de Gaulle 21121 Fontaine-lès-Dijon en joignant à un chèque, vos coordonnées avec mention « Coloriages ».
L’album peut être aussi acheté à Fontaine-lès-Dijon dans les tab  presse Saint-Martin et Trois-Saffres ainsi qu’à la maison de la presse d’Intermarché Saverney.
Pour les commandes groupées, contacter https://www.edisen.fr/produit/cahier-de-coloriage-le-patrimoine-de-fonraine-les-dijon/

Il était une fois à Fontaine-lès-Dijon… les ronds-points

 

Les ronds-points sont des infrastructures urbaines très peu poétiques en apparence mais les photos d’Annick Getet, Daniel Lachal et Guy Varin sont une invitation à regarder ces objets autrement. Colorés graphiques, jouant avec les saisons, ils sont vus comme autant de lieux d’évasion. Ils font la part belle au rêve et à l’émotion. Ils soulignent que la magie du dépaysement peut être à porter demain. Le texte se nourrit de leur histoire technologique, institutionnelle et environnementale.

 

Version numérique pdf: Il était une fois à Fontaine-lès-Dijon… les ronds-points

Version papier
Il est possible de se procurer gratuitement en format papier sur simple demande à l’accueil de l’Hôtel de Ville la brochure publiée par la Ville de Fontaine qui est disponible sur l’application mobile « Ville de Fontaine-lès-Dijon ».

Les balades fontainoises des AVF cet été 2024

Le site de la butte de Fontaine renferme des vestiges qui ont traversé le temps. Deux balades entre histoire, architecture, art et spiritualité organisés par l’association des Amis du vieux Fontaine vous emmènent découvrir des œuvres et des souvenirs qui vous aideront à comprendre ou à imaginer les lieux tels qu’ils étaient des siècles auparavant. Un troisième circuit vous replongera dans l’atmosphère de la Seconde Guerre mondiale à Fontaine. Suivez le guide !

Une chapelle de l’église des Feuillants © Jacky Boilletot

 

Mardi 16 juillet à 9 h 30

L’église des Feuillants

Rendez-vous : place des Feuillants.

Gratuit.

Sans inscription.

 

 

 

Saint Bernard par Joseph Moreau la nuit © Jacky Boilletot

 

Mercredi 24 juillet à 9 h 30

Les représentations de saint Bernard dans l’art 

Rendez-vous : place des Feuillants.

Gratuit.

Sans inscription.

 

 

 

Monument aux morts des guerres du XXe siècle ©Sigrid Pavèse

 

Jeudi 22 août à 9 h 30

Fontaine les Dijon dans la Deuxième Guerre mondiale

Rendez-vous : devant la stèle de l’appel du 18 juin, square du rond-point Charles-de-Gaulle.  Gratuit.

Sans inscription.

Journées européennes du patrimoine 2024

L’esthétique de la maison natale de saint Bernard est celle du XIXe siècle, très loin du château primitif où le saint a vu le jour. Il n’est en effet pas possible d’accéder aujourd’hui à la réalité des années d’enfance de saint Bernard et on ne peut que fantasmer sur l’édifice du XIe siècle. C’est ce qu’ont fait l’architecte et le commanditaire du bâtiment actuel en offrant une vision romantique du monument où l’ambiance féodale évoquée ne correspond nullement à celle du temps.

La tour d’entrée et le dôme © Annick Getet

Dimanche 22 septembre à 14 h 30

La Maison natale de saint Bernard

Rendez-vous : place des Feuillants
Inscription obligatoire. amisduvieuxfontaine@gmail.com

Groupe limité à 25.

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La bibliothèque des Missionnaires de saint Bernard à Fontaine-lès-Dijon

La bibliothèque des missionnaires, état actuel (photo Marie-Jo Leblanc).

S’ouvrant sur un panorama qui s’étend jusqu’aux contreforts du Jura, la bibliothèque des Missionnaires de saint Bernard, située au-dessus des chapelles royales, se présente comme une grande salle de lecture et de travail très lumineuse. Elle est parquetée en chêne et trois des murs sont garnis de meubles en bois permettant de ranger des livres. La partie inférieure des armoires juxtaposées est fermée par des portes pleines à battant. Elle est plus profonde et moins haute que celle des vitrines avec vantaux grillagés et châssis en bois fermant à clé qui la surmontent. À l’usage, des voiles blancs ont dû être tendus sur les grillages pour mettre les ouvrages à l’abri de la poussière et de la lumière. Le mur qui longe le dôme extérieur, entre les fenêtres aux vitraux dus au peintre-verrier parisien Léon Ottin, est habillé par un meuble reprenant la structure des autres travées avec deux casiers ouverts entre les deux corps d’armoire. Les retombées du plafond papiétées comme les murs dans des tons en accord avec les armoires, les soubassements en lambris, les portes d’accès avec châssis en chêne, panneaux en sapin et impostes, les trois poutres porteuses de la charpente badigeonnées en blanc à l’image du plafond, animent harmonieusement l’ensemble. Des étiquettes manuscrites indiquent que la collection de livres était structurée selon un classement thématique : dogme, morale, théologie …

La conception de cette salle apparaît purement fonctionnelle et utilitaire. Cœur de la Maison natale, elle a un accès direct au balcon qui domine l’intérieur de la « basilique ». [i] Étouffante en journée l’été, d’un confort spartiate l’hiver avec sa modeste cheminée remplacée plus tard par un poêle, elle reste riche d’odeurs, imprégnée de cette atmosphère si particulière des lieux où l’on s’instruit, réfléchit et étudie en silence.

Cette « pharmacie de l’âme[1] » a été imaginée pour les Missionnaires de saint Bernard par l’architecte Paul Selmersheim dans le cadre des restaurations de la Maison natale. L’exécution sur mesure du mobilier et du parquet a été confiée en 1883 au menuisier Philippe Guyot. Avec les trois chambres qui communiquent avec la bibliothèque, l’étage prend la place d’un toit qui avait remplacé, en 1821, une salle d’apparat détruite en 1793 pour en récupérer les matériaux. Les moines Feuillants avait fait une pièce unique du troisième niveau du donjon du château médiéval. Ils l’avaient dotée d’un plafond à caissons aux armes du roi Louis XIII quand celui-ci avait fait de leur établissement un monastère royal. Elle fut probablement leur salle capitulaire au XVIIe siècle.

La bibliothèque des missionnaires a d’abord accueilli le fonds du chanoine Renault qui avait le goût des livres et les avait transmis à ses successeurs copropriétaires avec lui de la Maison natale. Elle s’est enrichie d’une bibliographie bourguignonne léguée par un doyen du diocèse. De leur côté, les missionnaires ont collecté, archivé tout ce qui concernait l’histoire de la maison et de saint Bernard. On ne connaît pas de catalogue mais certains ouvrages étaient rares[2]. Malheureusement, des brocanteurs profitèrent en 1909-1910 de la désorganisation de la maison, liée à une succession mouvementée[3], pour faire main basse sur une partie de la bibliothèque bourguignonne et sur les archives. C’est ainsi que fut perdu le registre de la confrérie de saint Bernard du XVe siècle et un calendrier paroissial du début du XVIIe siècle, qui faisaient partie des archives paroissiales. Ces documents se trouvaient dans la Maison natale parce que le curé de Fontaine, qui était obligatoirement un missionnaire depuis 1879 pour éviter les frictions entre la paroisse et la Maison natale, résidait dans la maison natale[4]. Seuls certains documents manuscrits purent être rachetés[5].

À l’arrivée des Rédemptoristes en 1919, ce qui restait de cette bibliothèque de référence fut transféré par le propriétaire au séminaire situé rue Paul-Cabet. On en perd la trace après le déménagement du séminaire boulevard Voltaire en 1921. Cependant des documents comme l’inventaire du monastère des Feuillants par Louis Gellain qui se trouvait dans la Maison natale à la fin du XIXe siècle ont pu entrer aux archives départementales de la Côte-d’Or par le biais de l’évêché[6]. À leur tour, les Rédemptoristes garnirent les rayonnages d’ouvrages utiles à leur mission dans le diocèse, mais depuis leur départ en 1978 les meubles sont vides et délaissés.

Aujourd’hui, la bibliothèque de la Maison natale est un cadre à l’esthétique particulière et toujours émouvant. Ses boiseries de la fin du XIXe siècle deviennent rares et ne demandent qu’à être remises en valeur et à accueillir une nouvelle collection.

Sigrid Pavèse

 

[1]  L’inscription grecque inscrite au-dessus de la porte d’entrée de la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Gall en Suisse alémanique.
[2] CHOMTON (abbé), Saint Bernard et le château de Fontaines-lès-Dijon, 1891, I. p.11, note relative à un manuscrit de la Vita Secunda.
[3] Mort de Félix Poilblanc, directeur de la Maison natale, 16 juillet 1909, ; mort de Just de Lalaubie, propriétaire de la Maison natale depuis septembre 1908, décédé le 22 octobre 1909 à Leysin en Suisse.
[4] Archives diocésaines de Dijon, 2P 278, Note du conseil paroissial le 3 avril 1910 transmise à Monsieur de Lalaubie. Lettre de Joseph Massin au curé Rémy du 6 mars 1914.
[5] COLLIN (Lazare), Christian de Bretenières (1840-1914), Dijon, 1923, p. 441.
[6] MOYSE Gérard, Lettre du 30 septembre 1998 à l’auteur. Entrée le 1er octobre 1964 en provenance de l’évêché sous la cote J 2579/3.

La vigne plantée en foule à Fontaine-lès-Dijon

À Fontaine, jusqu’à la fin du XIXe siècle et la crise du phylloxéra, la culture de la vigne en foule était la seule pratiquée. Les parcelles étaient plantées d’arbres fruitiers et les ceps étaient disposés librement et en grande densité (20 000 à 24 000 pieds à l’hectare[1]). Cette viticulture était travaillée exclusivement manuellement. La traction animale qui impose un passage linéaire dans la vigne n’était pas de mise, d’autant que les chevaux à Fontaine étaient rares. Les ceps pouvaient donc être serrés, d’où l’origine du mot « foule », et se trouver irrégulièrement plantés. L’homme se faufilait entre eux.

Même si, à l’origine, la vigne neuve avait été plantée en rang, cet ordonnancement était bousculé par la technique du provignage annuel (du latin propaginem « bouture »). À Fontaine, on employait le mot « recouchage ». Bien que dispendieuse, cette technique de multiplication de la vigne était jugée indispensable pour renouveler progressivement une vigne. On préparait les « provins » en février ou mars. Pour cela, on couchait les ceps dans de grandes fosses contiguës de 1 à 2 m de long, de 60 à 80 cm de large et de 20 à 60 cm de profondeur[2], qu’on recouvrait de terre. Comme tous les autres ceps, quand les saillies (deux en général) avaient atteint assez de hauteur, elles étaient attachées à un paisseau, c’est-à-dire à un piquet solidement enfoncé dans le sol pour soutenir le plant et le guider dans sa pousse tout au long de son cycle végétatif. Dans une plantation en foule, chaque paisseau signalait la présence d’un cep[3].

Les vignes en foule ont été abandonnées à la fin du XIXe siècle et surtout au XXe siècle avec la reconstitution du vignoble détruit par le phylloxéra. L’introduction de plants greffés, la généralisation du palissage et des rangs de vigne ont permis l’introduction du cheval et la mécanisation. Le vignoble a alors changé d’apparence car le système de provignage, où le même pied renaissait sans cesse par marcottage et la haute densité des ceps conduisaient à donner au vignoble une allure désordonnée très éloignée des paysages viticoles actuels avec des rangs de vigne sans arbre dans les parcelles.

Sigrid Pavèse

 

[1] Archives municipales de Fontaine-lès-Dijon, F2, statistique décennales, 1882.
[2] GENRET-PERROTTE, Rapport sur la culture de la vigne et la vinification dans la Côte-d’Or présenté le 2 octobre 1853 au Comité central d’agriculture de Dijon, Dijon, 1854. Fontaine-lès-Dijon, questions 35 à 37.
[3] Remerciements à Émile DELESTRE, (Association Cadoles et Meurgers, Hauteville) et à Bruno LAUTREY pour la documentation transmise.