En Bourgogne, c’est le nom de l’échalas : on l’entend partout, parfois avec de légères variantes phonétiques, comme pahau à Mercurey ou pachais en Auxois (Saffres). ; mais la forme des environs de Dijon est toujours paissiâ ; c’est d’ailleurs la forme qu’a pu entendre Jeanne Lelièvre quand on pouvait encore trouver à Fontaine quelques personnes qui avaient des souvenirs viticoles. Le mot a été utilisé partout, même dans les villages de la Montagne dijonnaise. En effet, l’altitude pouvait empêcher la culture de la vigne, mais les forêts permettaient la production de paisseaux que l’on pouvait vendre aux vignerons des villages davantage favorisés par le climat et qui avaient peu ou pas de bois comme Fontaine.
Pour l’étymologie, pas de problème ; paisseau vient du bas-latin*paxellus, en classique paxillus (piquet, pieu). On peut rattacher le paisseau à la paix (en latin pax) ; la paix est un acte qui consiste à se mettre d’accord sur une frontière, en plantant un piquet qu’il faudra respecter.
Avant le paisseau, il est possible qu’on ait employé un autre mot qui n’a laissé de traces que dans les lieux-dits : c’est le chante-perdrix ; ce terme a fait couler beaucoup d’encre ; on a voulu y voir un terme d’avant les Gaulois ; mais c’est peut-être tout simplement un perchoir pour les oiseaux ; on ne le trouve plus à Fontaine, mais il apparaît sous des formes soumises à la fantaisie des géomètres napoléoniens : Champ Perdrix à Ahuy, à Couchey ; la rue des Champs-Perdrix à Dijon (pas loin de la rue du Tire-Paisseau !) ; champs de Perdrix à Vosne-Romanée. Presque toutes les parcelles qui portent ces noms furent (ou sont encore) des vignes.
Gérard Taverdet