Le groupe scolaire des Porte-feuilles, réalisé entre 1985 et 1989, offre une composition très urbaine, avec des façades s’alignant, à l’ouest, sur la place des Trois-Saffres, en retour d’équerre, au nord, sur la rue Majnoni d’Intignano et, au sud, sur l’avenue de Kirn. La façade ouest des deux écoles, maternelle et élémentaire, est dessinée de manière classique, avec une entrée dans l’axe de chaque bâtiment et un restaurant scolaire qui les relie. Le décrochement des façades, la recherche de modénatures aux formes souples, la variété des toits, permettent d’animer les volumes[1].
Comme toute création architecturale publique et notamment scolaire, le groupe des Porte-feuilles, devait réserver 1% du montant des travaux, hors taxe, à une œuvre d’art contemporain conçue en fonction du lieu. À la veille de l’achèvement des travaux de l’école maternelle et du restaurant scolaire, qui constituaient la première et la deuxième tranche de la construction, l’architecte Bernard Merlin demande à la SO.CO.RAM (Société Côte-d’Or Aménagement) qui a été chargée, pour la commune de Fontaine-lès-Dijon, de la réalisation du programme, ce qui a été prévu pour répondre à la disposition légale dite du 1% artistique ou 1% décoratif, instituée en 1951. La SO.CO.RAM lui répond que, dès le début de l’opération, il a été envisagé une sculpture ou une fontaine pour marquer les deux entrées de l’école et animer ce qu’on appelait alors le mail, qui deviendra la place des Trois Saffres[2], inaugurée en 1993. Elle indique que l’œuvre pourrait être placée au droit du restaurant scolaire, qui occupera une position centrale dans la composition finale du groupe.
Mais, en effectuant une étude plus approfondie des couleurs et des matériaux, est apparue au concepteur la nécessité de souligner les lignes horizontales par un contraste. Le blanc du revêtement des corniches, l’ocre rosé des enduits, les bordures hautes et basses des allèges en carrelage blanc, analogue à celui des poteaux, appelaient une troisième couleur plus soutenue. L’architecte souhaite donc adopter pour les allèges une céramique résistante de marque GAIL[3], de teinte bleu pigeon, dans un format 11×22, assortie au carrelage blanc, mais qui entraînait une plus-value conséquente par rapport à un simple enduit[4]. Le but de la commande publique étant d’enrichir le cadre de vie, l’architecte très contraint par le budget imparti à l’opération, suggère donc que le 1% porte plutôt sur le revêtement des façades, ce qu’accepte le conseil municipal, qui sollicite à cet effet le département pour une subvention[5] .
Les créations réalisées dans le cadre du 1% artistique étant assez libres, ce revêtement en céramique bleu gris plutôt clair, qui rappelle le plumage des pigeons et orne le centre des allèges, en formant un heureux contraste avec les ossatures en aluminium laqué rouge, s’est donc trouvé associé au cadre institutionnel de la procédure du 1% artistique. Pour le groupe scolaire des Porte-feuilles, l’architecte est donc l’artiste du 1% artistique. Sigrid Pavèse
[1] Archives municipales de Fontaine-lès-Dijon (AMFLD), 1M3bis 40.2 : Note sur le parti.
[2] AMFLD, 1M 3bis 40.2 : 22 août 1985, Courrier de la SO CO RAM à l’architecte.
[3] Société Gail Architektur-Keramik, fabricant de carrelage.
[4] AMFLD, 1M 3bis 40.2 : Devis estimatif de la plus value TTC 6 947,61 Francs pour les tranches 1 et 2.
[5] AMFLD, D1.13 : Délibération du conseil municipal du 6 octobre 1987.