Pour Fontaine, janvier s’ouvre dans le Bien public par les remerciements des conscrits de la classe 1957 aux habitants pour la sympathie généreuse qu’ils leur ont témoignée lors de leur passage, l’annonce de leur repas dans un restaurant près de la place de la République à Dijon et l’invitation à leur bal dans la salle du café de la place du Perron. Avant de partir à l’armée, il était en effet de tradition que l’année de leurs 20 ans, les jeunes parcourent les rues du village de manière exubérante pour quêter de maison en maison afin de s’offrir un banquet et donner un bal. Les festivités, souvent très alcoolisées, incluaient une remise de gerbe au monument aux morts et une messe le dimanche. La communication des conscrits dans la presse est nouvelle car la tradition conscrite ne nécessitait pas de publicité. Ce changement est sans doute lié à la conjuration de l’anxiété des appelés à devoir servir en Algérie, où les nouvelles n’ont rien de réjouissant car, en 1957, avec le prolongement de la guerre, le temps de service augmente et passe de 18 à 28 ou 30 mois, tandis que la liste des morts s’allonge.
À Fontaine, la question algérienne est omniprésente. Par deux fois, pour la fête nationale et pour Noël, la municipalité demande aux familles de lui communiquer l’adresse des militaires servant en Algérie ou en Allemagne, à l’exclusion des militaires à solde mensuelle, afin de leur envoyer des colis. Dans le contexte de la Guerre froide, des forces françaises stationnaient en Allemagne et, avant de partir en Algérie, des appelés y faisaient leurs classes dans des postes spécialisés comme opérateurs ou dépanneurs-radio, mécaniciens, servants du matériel du Génie et des Transmissions. Les familles vivaient difficilement l’envoi d’un fils, d’un père ou d’un frère en Algérie où la mort rôdait. Avec ces colis, la municipalité essaie d’apporter un peu de réconfort et de soutien aux appelés de la commune et d’exprimer sa solidarité avec les parents.
Du 5 au 9 mai, le vignoble et les plantations fruitières sont affectés par un froid inhabituel, des gelées de printemps tardives et un épisode neigeux. Un avis indique que les exploitants de superficies d’une certaine importance seront reçus en mairie selon un calendrier alphabétique, pour déclarer leurs pertes et solliciter des dégrèvements fiscaux.
Le reste de l’année est rythmé par les séances de vaccination, le rappel des arrêtés toujours valables relatifs à l’usage de la mare, les habituels encarts de la compagnie des pompiers, tantôt pour remercier les habitants de l’accueil qui leur a été fait lors de leur tournée de distribution des calendriers, tantôt pour annoncer une sortie de l’Amicale dans les Vosges ou bien le banquet annuel et le bal qui s’en suit. Le cercle Saint-Bernard poursuit l’organisation en mai d’un week-end récréatif avec pièces de théâtre comiques, chanteur, danseur et humoriste et programme une kermesse pour le 14 juillet. Le compte-rendu du traditionnel pèlerinage qui clôt les fêtes de saint Bernard, rapporte qu’il demeure suivi par un nombre imposant de fidèles. Quant au déroulement de la cérémonie à la mémoire des résistants Jean Darnet et Robert Pontiroli, la population en est fidèlement informée par le Maquis Liberté en accord avec la Municipalité, après un bref rappel des circonstances du drame qui s’est déroulé treize ans auparavant.
Sigrid Pavèse