En 1954, la plupart des articles, dont aucun n’est illustré, sont des communiqués du maire, Léonce Lamberton. Ainsi, le 11 janvier, ce dernier interdit aux promeneurs des environs d’utiliser les rues du village et les chaussées pour pratiquer les sports d’hiver car les luges, les skis et le patinage aggravent l’état glissant des voies publiques. Il indique aussi que par mesure de précaution, il ne sera pas toléré plus de 20 patineurs sur la mare dont la glace est peu épaisse et que la commune décline toute responsabilité. Ces arrêtés sont en rapport avec la première des vagues de froid sibérien du début de l’année qui amènent l’abbé Pierre à lancer son célèbre appel le 1er février. À Fontaine, les dons au bureau de bienfaisance de deux industriels, que le maire remercie pour leur générosité, permettent d’augmenter la distribution de combustible aux nécessiteux.
Jusqu’en 1950, l’automobile n’était que l’apanage d’une minorité mais en 1954, son usage se démocratise et l’explosion du parc inquiète les responsables : c’est la raison pour laquelle, en août, lors de la fête patronale, le maire recommande instamment aux personnes qui utiliseront des véhicules à moteur d’être très prudentes aux abords de la fête.
Le même mois, comme chaque année, il invite la population à commémorer l’anniversaire du martyre et de l’exécution sommaire de Jean Darnet et Robert Pontiroli. Pour marquer le 10e anniversaire de cet assassinat, l’Amicale du Maquis Liberté offre aux familles une plaque souvenir perpétuant la mémoire des disparus.
L’organisation de la rentrée des classes le 17 septembre laisse deviner une situation scolaire explosive en raison de l’augmentation de la population. La commune ne peut plus accueillir d’enfants des communes limitrophes dans les classes du village et la section enfantine n’admet plus que les enfants nés en 1949. L’urgence est telle qu’à la veille des grandes vacances est donné le premier coup de pioche du groupe scolaire sud qui deviendra l’école des Saverney et qu’en deux mois, sous l’impulsion de l’architecte Delavault, une école de deux classes, l’une de filles, l’autre de garçons, sort de terre et ouvre à la rentrée avec un instituteur et une institutrice qui s’occupent de 5 niveaux chacun… Le maire remercie tous les entrepreneurs qui sont intervenus, comme on le voit, dans un temps record, en particulier « l’entreprise Paquet d’Arnay-le-Duc et de Fontaine-les Dijon ». Le siège social de cette entreprise était alors à Arnay mais Jean, l’un des frères Paquet s’est installé en 1954 rue du Faubourg Saint-Martin et 1954 marque le début de l’implantation de cet établissement dans la commune.
Dans la nuit du 9 au 10 septembre, le séisme qui a totalement détruit Orléansville et ravagé les centres environnants a pris l’ampleur d’une catastrophe nationale car, en 1954, l’Algérie est un département français. La solidarité se manifeste immédiatement envers les sinistrés et le maire de Fontaine communique sur l’organisation d’une quête à domicile, puis sur le produit de la collecte, auquel s’ajoute celui du don voté par le conseil municipal.
Quelques jours plus tard, les jeunes gens de Fontaine, à la veille de leur départ pour le service militaire, sont félicités pour avoir, avant de se livrer aux réjouissances habituelles, fleuri les monuments commémoratifs qui rappellent le souvenir d’hommes « tombés pour un idéal de liberté et d’indépendance et pour une vie sociale meilleure ». On voit ainsi comment, 10 ans après la Libération, la génération appelée est pénétrée de l’esprit de la Résistance et comment la référence aux aînés motive l’acceptation du devoir militaire. Mais en septembre, date de leur départ, les appelés ignorent qu’un mois plus tard, avec la Toussaint rouge à l’origine de la guerre en Algérie, le contingent sera obligé de traverser la Méditerranée pour des « opérations de maintien de l’ordre » traumatisantes pour beaucoup.
En 1954, Fontaine demeure un gros producteur de fruits dont beaucoup sont destinés à être distillés. En décembre, le syndicat des fruits indique donc que l’atelier public de distillation se tient à la disposition des intéressés au nouvel emplacement, chemin Saint-Martin, sans dire pourquoi le lieu traditionnel à côté de la mare n’est plus retenu depuis 1953.
Sigrid Pavèse