En 1948, Fontaine-lès-Dijon n’apparaît que sept fois dans le Bien Public. Un article se contente de signaler qu’une bague a été trouvée et qu’elle peut être réclamée à la mairie. Un autre indique que la fête patronale aura lieu les 22 et 23 août avec bal, manèges, attractions diverses, buvette et trois autres sont consacrés à la distribution des titres d’alimentation. La France, malgré de bonnes récoltes, est un des derniers pays à rationner encore le pain. La refonte fiscale n’empêche pas la prédominance des impôts indirects et, à Fontaine, le maire rappelle à la suite de l’annonce de la distribution des titres d’alimentation pour le troisième trimestre, que la taxe locale sur les ventes au détail est portée, à partir du 1er juillet, à 1,75%.
Les deux articles restants sont novateurs. Pour la première fois est donné un compte-rendu « sommaire » de la réunion du conseil municipal du 12 juin, mais les 12 points systématiquement abordés sont très peu développés, si bien qu’on sait qu’une procédure en instance a été introduite par un particulier devant le conseil de Préfecture contre la commune, sans savoir sur quoi porte le différend, que des crédits sont ouverts sans autres précisions, sauf pour le financement d’un voyage scolaire de fin d’année et des fêtes du quatorze juillet. Par contre, la protestation du conseil contre la faiblesse des crédits mis à la disposition des communes pour l’inhumation définitive de chaque victime de guerre est relayée ; de même, une place importante est consacrée à la disparition accidentelle du conseiller municipal Jean Falconnet. On retrouve dans ce compte-rendu quelques constantes de la presse régionale qui valorise les personnes dévouées, critique l’État, donne des renseignements pratiques mais l’information est donnée sans analyse.
Le dernier article, quant à lui, marque une inflexion sensible de la présentation, avec l’insertion d’une photo et un titre qui se détache en gros caractères, mais cette mise en page est exceptionnelle. Par la suite, on revient au simple titre « Fontaine-les-Dijon » en majuscules, suivi du sujet, en caractères minuscules gras. La modification de la charte graphique a été effectuée pour mettre en valeur un article nécrologique concernant René Guillaume, un jeune officier tué en Indochine, dont les parents sont domiciliés à Fontaine. La phrase introductive : « De jour en jour, nous apprenons que des jeunes Français luttant en Indochine tombent pour la plus grande France » ne remet pas en cause le colonialisme mais révèle la prise de conscience que cette guerre a un coût humain. Elle témoigne de ce que ce conflit lointain, débuté en 1946, est meurtrier et qu’il n’épargne pas des familles locales. L’émotion provoquée par le drame dans le village permet de mobiliser l’opinion.
Sigrid Pavèse