Le sort des appellations d’origine à Fontaine-lès-Dijon

Source : Ministère de l’agriculture, service du cadastre viticole, Recensement général du vignoble, 1961.

Au milieu du XXe siècle, la viticulture à Fontaine était encore suffisamment importante pour qu’en 1951, la commune de Fontaine soit retenue comme pouvant être étudiée au sujet d’une ou plusieurs de ces appellations : « Bourgogne », « Bourgogne ordinaire ou grand ordinaire », « Bourgogne-passe-tout-grains », « Bourgogne aligoté », sous réserve que les usages locaux et les conditions auxquelles devront répondre les vins viennent confirmer ce choix[1].

Le maire, Léonce Lamberton, est donc invité par le secrétaire de la commission des appellations, à rechercher dans les anciens registres de déclarations de récoltes, les climats ou lieudits, le numéro des parcelles, la superficie et les quantités de vin déclarées sous chacune de ces appellations, depuis la promulgation de la loi de 1919.

Le maire répond à cette demande, en indiquant, qu’avant 1939, quelques appellations « Bourgogne Grand Ordinaire » ont été prises, de façon épisodique, par un petit nombre de producteurs.

De fait, à la Belle Époque, de « grands ordinaires » fontainois ont remporté des prix à des concours, organisés notamment à Paris[2] et, en 1924, le conseil municipal accepte de participer aux frais de procès devant le tribunal civil de Dijon relatif à l’appellation d’origine Bourgogne à donner aux vins récoltés dans la commune[3].

Le maire ajoute que pendant la guerre de 1939-1945, pour éviter, dans la mesure du possible, les réquisitions, il a été de nouveau, mais de façon modérée, fait usage de l’appellation « Bourgogne grand ordinaire » mais, après la guerre, les appellations n’ont plus été demandées.

L’appellation « grand ordinaire » revendiquée, un temps, par de rares viticulteurs ou propriétaires, n’a donc pas eu le caractère de constance prévu par la loi qui aurait permis une homologation en 1951, la culture de la vigne,  à Fontaine, paraissant de moins ne moins avantageuse aux propriétaires de la terre.

 

[1] Archives municipales de Fontaine-lès-Dijon, F2 39, Courriers du 23 janvier 1951, 15 mars 1951.
[2] Bulletin du syndicat viticole de la Côte dijonnaise, mars 1896, mai 1899, septembre 1900, 1905.
[3] Archives départementales de la Côte-d’Or : OS 286 (1923-1924).

« La Vigne de Fontaine », une ancienne vigne d’hybride établie pour une consommation personnelle

La vigne de Fontaine située aux Champs Rémy n’est pas le reliquat du vignoble qui a

Cépage de la Vigne de Fontaine en 2000 : hybride producteur direct greffé 5455 (Cliché Sigrid Pavèse)

existé à Fontaine et qui a disparu après l’arrivée du phylloxéra, de l’oïdium et du mildiou.

À Fontaine, beaucoup d’anciens viticulteurs s’étaient résignés à ne plus tirer profit de leur  vigne. Ils avaient planté des arbres fruitiers et des petits fruits rouges. Mais, viticulteurs dans l’âme, ils considéraient comme une déchéance d’acheter du vin pour leur propre consommation.

Une nouvelle viticulture s’établit alors à partir de cépages hybrides créés à la fin du XIXème siècle et résistant aux maladies qui avaient anéanti le vignoble traditionnel. La culture de ces nouvelles parcelles de vigne était simplifiée et compatible avec la polyculture qui avait pris la place de l’ancien vignoble. Ces vignes n’avaient pas d’autre objet que d’assurer la consommation familiale.

Ces vignes d’hybrides ont presque partout disparu. Il en reste une petite à Fontaine et il serait dommage de la replanter en Pinot sous prétexte que le vin de Pinot est bien meilleur que le vin d’hybride.

 

Ce texte, daté de décembre 1996, est dû à Pierre DUPUY, ingénieur agronome, directeur honoraire de recherche à l’INRA de Dijon, ancien président de l’Académie d’agriculture de France élu en 1995, qui nous a quittés en 2017.

Sigrid PAVÈSE.

Le sauvetage de la vigne de M. et Mme Guignon donne naissance à « la Vigne de Fontaine »

La vigne de M. et Mme Guignon pendant les vendanges de 2001 avant le lotissement des Champs Rémy (Cliché S. Pavèse).

Caressée par le soleil du matin sur le coteau de la butte exposée au levant, une petite vigne s’étire entre l’ancien chemin dit des champs d’Aloux et le chemin tout aussi ancien de Fontaine à Ahuy.  Enchâssée aujourd’hui entre le cimetière formant équerre, les  lotissements du Panorama, des Champs Rémy et la rue Darnet et Pontiroli, elle est devenue le vestige symbolique du passé viticole florissant de la commune.

Pendant des siècles, le cru de Fontaine, qui entrait avec ceux de Dijon, Talant et Chenôve dans la production du « vin du Dijonnoiz » s’est vendu à un prix supérieur à celui de la Côte.  Victime d’un choix productiviste, il commença à perdre de sa valeur à la fin du XVIIe siècle et amorça ainsi  son déclin. Grignoté par l’urbanisation, le vignoble de Fontaine a pratiquement disparu du paysage de la commune. On doit au maire, Paul Morelon, le sauvetage d’une des dernières vignes encore en production à Fontaine.

D’une superficie de 1064 m², elle était la propriété  de monsieur et madame Guignon qui la cultivaient pour leur propre consommation de vin. Lors de l’urbanisation des champs Rémy, à la demande de la municipalité, dans l’acte de remembrement établi en 1999, la société d’aménagement prit les dispositions nécessaires pour attribuer cette parcelle à la ville de Fontaine. C’est ainsi que la ville de Fontaine put se rendre propriétaire de  la parcelle de monsieur et madame Guignon et de ses sept rangs de vignes plantés alors en cépage dit direct, qui prit le nom de « Vigne de Fontaine ».

(Sigrid PAVÈSE, mars 2018).