Fontaine-lès-Dijon dans Le Bien public de 1965

L’année 1965 est une année électorale avec les élections municipales en mars. Signe de l’extension de la commune, le nouveau conseil comprend 21 membres au lieu de 17 et les électeurs bénéficient d’un second bureau de vote à l’école des Saverney, en plus de celui qui se tient habituellement à la mairie. Une seule liste sans étiquette est en lice et les électeurs renouvellent leur confiance à 13 anciens conseillers sortants. Jean Souny est réélu maire à l’unanimité pour six ans.

Un autre grand rendez-vous électoral a lieu en décembre afin de désigner le président de la République pour un mandat de sept ans. Pour la première fois sous la Ve République, le scrutin se déroule au suffrage universel. Le vote des Fontainois au deuxième tour est à l’image de celui des Français avec 55% des voix en faveur du général de Gaulle contre 45% pour François Mitterrand. À Fontaine, le président sortant a largement bénéficié du report des 20% de voix centristes qui s’étaient portées au premier tour sur Jean Lecanuet.

Après sa réélection, dans son discours de remerciements au conseil municipal, Jean Souny analyse la situation de Fontaine : « Elle ressemble à un enfant qui grandit trop vite. Les bases mêmes de la commune se modifient rapidement sur le plan géographique (le village n’est plus tout seul) et démographique (Fontaine compte atteindre 5 000 habitants en 1967). L’adaptation des services généraux à ces nouvelles structures subit une double accélération : celle du progrès et celle de l’accroissement du nombre d’habitants. Mais intervient un puissant facteur de freinage : l’argent, ce nerf incontesté de toutes les réalisations, moyen unique de travail qui, hélas ! nous arrive bien parcimonieusement ». À chaque conseil municipal, le maire fait le point sur l’état des projets d’assainissement, de renforcement du réseau d’eau potable, de constructions, d’élargissement de chemins ou de leur détournement. Pour tous les dossiers, la programmation des infrastructures est suspendue aux subventions, aux autorisations des administrations. Finalement, en 1965, en dehors des travaux de voirie et d’entretien des bâtiments communaux, seule débute l’exécution de la très modeste première tranche des travaux d’assainissement.

La commune quitte donc une situation mi-rurale, mi-citadine pour s’acheminer vers une urbanisation de plus en plus complète et la demande d’accueil des enfants dans des structures pendant les grandes vacances s’accentue. Le centre aéré laïc qui fonctionnait tout l’été pour les Dijonnais aux Champs d’Aloux, sur les terrains appartenant au Grand Séminaire, s’ouvre aux petits Fontainois.

Sur le plan cultuel, après une interruption de deux ans, les travaux de la chapelle Saint-Martin commencés en 1961 ont repris et la chapelle est inaugurée le 11 novembre.

Le curage de la mare en 1965.

Par ailleurs, la municipalité se préoccupe de l’embellissement du village et de l’hygiène en particulier, c’est pourquoi elle procède au curage de la mare avec une pelleteuse, ce qui, rétrospectivement, fait frémir aujourd’hui quand on connaît la fragilité de la couche imperméable qui la tapisse !

 

Le Cercle Saint-Bernard continue à animer la vie culturelle avec des séances de cinéma, des comédies, des sorties, des conférences et la remise de colis pour Noël aux personnes âgées. L’une des conférences fait écho à la détente entre l’Est et l’Ouest après le règlement de la crise de Cuba en 1962, ce qui a permis à deux Dijonnais de profiter des facilités accordées aux touristes par l’URSS et de venir témoigner de qu’ils ont vu. Néanmoins, malgré son succès, le Cercle Saint-Bernard a des difficultés de recrutement de nouveaux jeunes et lance un appel auprès des arrivants, afin qu’ils viennent le rejoindre et qu’il puisse ainsi poursuivre ses activités théâtrales.

Comme on peut le voir, le problème du renouvellement des bénévoles n’est pas nouveau, de même que les incivilités qui donnent lieu à des appels du maire à un « peu d’esprit civique qui devrait faciliter les choses ». C’est ainsi que l’édile fustige « les conducteurs qui considèrent la rue comme une annexe de leur domicile et y laissent stationner leur voiture sans nécessité et sans souci de la gêne occasionnée », ou « les partisans sans doute du moindre effort qui se refusent à parcourir les 20 ou 30 m qui les séparent du dépôt créé pour les fleurs fanées et jettent les débris à l’intérieur du cimetière » …

Sigrid Pavèse

Fontaine-lès-Dijon dans le Bien public de 1964

Le début de l’année 1964 est marqué par la disparition brutale, le 14 janvier, de Léonce Lamberton, le maire de Fontaine depuis la Libération, qui fait suite à celle tout aussi soudaine de son adjoint, Pierre Gueny. Léonce Lamberton laisse une commune de 3 000 habitants en pleine expansion, qui vient de se doter d’un plan d’urbanisme prévoyant 10 000 habitants à l’horizon de 1970. Fontaine est alors une commune dortoir : la plupart des habitants travaillent et se fournissent à Dijon. Les électeurs sont appelés aux urnes pour remplacer les deux conseillers. Une seule liste est présentée. Elle obtient une majorité écrasante. Jean Souny, l’ancien directeur de l’école communale de garçons depuis 1964, qui a continué à assurer sa fonction de secrétaire de mairie après sa retraite de l’Éducation nationale en 1957, est élu maire. Le discours qu’il prononce à la suite de son élection est intégralement repris dans le quotidien. Il est le prélude à bien d’autres qui forcent l’admiration par leur humanisme.

À la mairie, l’ouverture du nouveau groupe scolaire des Carrois a libéré des salles. La porte de l’ancienne classe donnant sur la rue Saint-Bernard est transformée en fenêtre. Le crépissage du bâtiment est effectué. L’idée d’établir une nouvelle mairie dans la maison de maître de la rue Bernard-Mathey est abandonnée. Des terrains sont acquis aux Carrois pour construire un bâtiment moderne répondant aux nouveaux besoins.

La réalisation de la dernière tranche de modernisation du réseau électrique est lancée et le projet d’extension générale du réseau d’eau est mis à l’étude, mais rien ne peut être fait pour l’assainissement tant que l’agrandissement de l’usine de Longvic n’est pas effectif. Un terrain de jeux, à l’origine du plateau d’évolution des Carrois, est installé mais la cour de l’école n’est pas achevée et l’absence d’école maternelle dans la commune reste sans solution. En attendant, les deux groupes scolaires sont dotés d’un téléphone, d’un aspirateur… D’importantes réparations au presbytère sont entreprises et un devis de réfection du toit de l’église est demandé. Des lampes pour l’éclairage public sont posées dans les nouveaux lotissements. Les travaux de construction du boulevard des Allobroges débutent par l’aménagement du carrefour au niveau de la route d’Ahuy. Des bordures de trottoirs sont posées rue du faubourg Saint-Martin. À la mare qui est réaménagée, les saules font leur apparition. Près du cimetière, un petit parking est créé. Fontaine est inclus dans le périmètre du syndicat de la zone industrielle de Dijon et les ordures ménagères sont désormais ramassées deux fois par semaine par la Franco-Suisse.

Les vignes et vergers disparaissent de plus en plus mais le caractère rural de la commune continue à se manifester avec le syndicat fruitier, la présence de l’alambic pour les bouilleurs de cru, la déclaration des récoltes de vin, la destruction d’un terrier de blaireaux aux Rompots par le garde fédéral accompagné des meilleurs chasseurs du village. En 1964, la sécheresse est exceptionnelle et pour prévenir les incendies, un arrêté municipal précise que les paillers, gerbiers, meules de foin ou tout autre stock de fourrage en dehors de bâtiments agricoles devront être placés à une distance minimum de 50 m des habitations. Pour accroître la mobilité des sapeurs-pompiers de Fontaine, une camionnette d‘occasion est achetée, la commune n’étant pas suffisamment riche pour acquérir un véhicule neuf. L’esprit village est encore très fort et toutes les compétences sont mobilisées pour remettre le « tub » Citroën de 11 CV en état. Lors de sa remise officielle, le maire est très fier de montrer cette « œuvre » commune au colonel, inspecteur départemental. À côté de la kermesse, de la fête patronale, du bal des pompiers et des conscrits qui rythment l’année, le cercle paroissial Saint-Bernard continue à animer la vie culturelle et sportive fontainoise avec des séances de ciné-club, des conférences, du théâtre, de la danse et des matchs de football.

La réussite au certificat d’études est encore une source de fierté et les « futures bonnes ménagères » continuent à fréquenter l’école ménagère, mais la société change doucement. Pour que les écoliers de la commune puissent goûter aux joies du ski, les premiers jeudis de neige sont organisés. L’été, un centre aéré est ouvert sur les terrains des Champs d’Aloux appartenant à l’évêché.

Sigrid Pavèse

Fontaine-lès-Dijon dans Le Bien public de 1963

En 1963, les articles consacrés à Fontaine-lès-Dijon laissent davantage de place à la photographie, avec des images de groupes lors de réunions : goûter des « cheveux blancs », enfants patinant sur la mare gelée, noël à la maternelle des Saverney…

Théâtre salle Ste Catherine.

Théâtre salle Ste Catherine.

De nombreux articles sont consacrés au cercle Saint-Bernard, un centre d’accueil et de loisirs des jeunes établi salle Sainte-Catherine. Cette salle construite par la paroisse aux alentours de 1906 se trouvait au niveau du 21 rue Jehly-Bachellier. Elle a été vendue pour construire la chapelle Saint-Martin et a été remplacée en 1966 par une villa. Elle servait pour les cours de couture et de tricot, mais aussi de bibliothèque. Elle était utilisée pour le patronage, le ciné-club. On y organisait des jeux de société, des répétitions de chants, des conférences, des tombolas et une des activités principales était le théâtre, avec au programme, le plus souvent, des pièces comiques qui étaient données au cours de séances récréatives devant un parterre familial. Volontiers ouverte aux autres associations pour des activités communes, elle comprenait des dépendances qui permettaient des réunions. La cour servait de terrain de volley. Le Cercle avait aussi mis sur pied une section football dont les entraînements avaient lieu sur le terrain de la chapelle Saint-Martin, que les Compagnons bâtisseurs continuaient à édifier bénévolement. Jusqu’à sa dissolution en 1965, le Cercle a été un noyau très vivant dans le bourg. En cette année 1963, grâce au dynamisme des dirigeants, des conférences d’hiver sont annoncées toutes les deux semaines sur la spéléologie, la télévision, les rayons X, les hommes grenouilles de la gendarmerie, avec souvent projection de film. Réservées aux jeunes hommes, elles s’ouvrent à la fin de l’année aux jeunes filles… L’autre pôle d’animation fontainois était le café de la Place du Perron avec le bal costumé de la mi-carême, le bal des pompiers, le bal des conscrits. Au café et salle Sainte-Catherine, les protagonistes étaient souvent les mêmes. Ils organisent aussi la kermesse paroissiale, qui cette année-là, se déroule exceptionnellement autour de la chapelle Saint-Martin, afin que son produit puisse être entièrement consacré à sa construction.

La fin prochaine du Fontaine rural se devine au travers de différents communiqués. Le syndicat fruitier voit le nombre d’adhérents qui assistent à la réunion annuelle continuer à diminuer. Devant ce manque d’intérêt, les membres du bureau n’acceptent plus que les livraisons déclarées auparavant. La mairie reçoit toujours les déclarations de récoltes de vin mais les producteurs, de plus en plus nombreux, qui réservent tout leur vin à la consommation familiale n’ont plus à indiquer le degré alcoolique. Quant au droit de chasse sur les friches communales, il est adjugé pour trois ans sans passion particulière. Parallèlement, des Fontainois remportent deux premiers prix au concours départemental des maisons fleuries, catégorie jardin et façade. L’amélioration du cadre de vie encouragée par le département, qui récompense les initiatives des particuliers contribuant à la qualité de vie dans la commune, est une évolution liée à l’urbanisation tandis que les infrastructures déterminantes pour structurer cette urbanisation commencent à voir le jour. Après avoir voté en 1962 l’avant-projet d’assainissement, en 1963, c’est celui d’alimentation en eau potable qui est adopté par le conseil municipal. Le réseau électrique est renforcé et l’éclairage public est modernisé. La deuxième phase de construction du groupe scolaire des Carrois doit permettre de le mettre en service au 1er janvier 1964. Dans cette perspective, la salle de classe de l’ancienne école de garçons va être libérée et le maire obtient qu’elle puisse être transformée en bureau pour la mairie devenue trop étroite.

L’international s’invite lors des fêtes de saint Bernard. L’article qui titre « Saint Bernard, une âme de concile » fait référence au concile Vatican II qui s’est ouvert en 1962. Le quotidien reprend le terme « aggiornamento » utilisé par les évêques pour désigner une volonté de changement dans la religion. Il l’applique à saint Bernard pour rappeler combien cette grande voix a, en son temps, fait bouger l’Europe. Il conclut qu’à l’image du saint, chacun doit chercher à prendre sa part dans cette mise à jour.

Sigrid Pavèse

Fontaine-lès-Dijon dans Le Bien public de 1962

3 Janvier 1962 Mare de Fontaine

Une photo en première page de la région dijonnaise ensevelie sous la neige, illustrée par le spectacle de la mare de Fontaine, rappelle que l’hiver 1961-1962 fut froid et neigeux, mais l’événement qui a marqué 1962 à Fontaine est le début de la construction de la chapelle Saint-Martin. Il coïncide avec le départ du chanoine Romain qui, après 27 ans de ministère, doit céder sa place en raison des atteintes de l’âge. Ce prêtre est remplacé par l’ancien vicaire de la paroisse Saint-Michel, le père André Philbée qui est installé le 17 septembre. La question d’un nouveau lieu de culte entre Saint-Jean-Bosco, Saint-Joseph à Dijon et l’église Saint-Bernard à Fontaine agitait la paroisse depuis 1956.  En effet, cette paroisse avait la particularité d’être scindée en deux parties géographiques : l’ancien village et les nouveaux quartiers situés en périphérie. Les habitants nouvellement installés ne se connaissaient pas et les paroissiens du village pratiquaient l’entre-soi. Une communauté était à créer et la construction d’une chapelle pouvait être un moyen d’établir des liens inexistants jusque-là. Sous l’impulsion de l’abbé Pinston de Saint-Joseph de Dijon, il fut décidé que des bénévoles, les Compagnons Bâtisseurs de Fontaine, prendraient en charge l’édification d’un lieu de culte après avoir, non sans difficulté, trouvé et acquis en 1961 un emplacement à proximité du groupe scolaire des Saverney. Sous la direction de M. Fanet, président de l’association paroissiale de Fontaine, les bonnes volontés sont à l’œuvre et les pelles mécaniques entrent en action dès la délivrance du permis de construire le 8 avril. 25 hommes sont inscrits pour le bétonnage du fond des fondations et le soir du Vendredi saint, Mgr procédait à la bénédiction en plein air de la première pierre. Dès lors, la maçonnerie pouvait commencer à s’élever, mais il faudra attendre trois ans pour inaugurer l’édifice.

Au conseil municipal, le maire renouvelle ses protestations contre les lenteurs apportées à l’élaboration du plan d’urbanisme, qui se concrétisent par un retard dans le développement de la commune. Il y a notamment urgence à détourner le chemin des Grands Champs en raison des difficultés de passage dans le vieux village, où la circulation et le stationnement des véhicules continuent à donner lieu à des protestations, quels que soient les arrêtés pris. Malgré les critiques contre « l’administration », dans la transformation de Fontaine, l’intérêt général se heurte aux intérêts particuliers et la médiation de l’État est nécessaire. Par exemple, dans les lotissements, personne ne veut de l’installation d’un transformateur électrique sur son lot et il faut passer par l’expropriation d’une zone qui sera désignée par EDF. Pour l’enlèvement des ordures ménagères, le conseil doit se résoudre à remplacer le tombereau hippomobile et son préposé par les services infiniment plus onéreux de la Société franco-suisse de nettoiement. C’est une nouvelle étape vers la disparition de l’aspect rural de la commune qui malgré tout subsiste, puisqu’un communiqué met en garde les propriétaires de poulaillers contre les voleurs de poules et de coqs qui sévissent rue du Faubourg Saint-Martin… L’urbanisation en marche donne lieu à une des décisions phare de l’année municipale : l’adoption de l’avant-projet d’assainissement de la commune avec rejet des eaux usées dans le réseau d’égout de Dijon. L’équipement fait l’objet de division en tranches annuelles qui vont s’étendre sur plus d’une décennie pour des raisons techniques et financières.

Les Fontainois participent plus faiblement que la moyenne française aux élections législatives de novembre 1962, organisées par suite de la dissolution de l’Assemblée nationale après le vote de la motion de censure désapprouvant la réforme du mode de scrutin pour l’élection au suffrage universel du Président de la République.  En votant pour l’UNR Henri Berger, Fontaine contribue à donner une confortable majorité parlementaire au président de la République Charles de Gaulle. À Fontaine, l’Indépendant François Japiot est battu, mais d’une courte tête. Cette élimination marque une perte d’influence durable des Indépendants dans le paysage politique, qu’il soit national ou fontainois.

Sigrid Pavèse

Fontaine-lès-Dijon dans Le Bien public de 1961

À Fontaine, l’actualité de 1961 est toujours dominée par l’Algérie : l’année s’ouvre sur les résultats du référendum où les électeurs de métropole et d’Algérie ont été invités à se prononcer sur le principe de l’autodétermination et sur un projet provisoire d’organisation des pouvoirs publics en Algérie. Les Fontainois acceptent à plus de 78% que les populations algériennes décident de leur sort. Par ce vote massif et comme le reste des métropolitains, les Fontainois expriment leur volonté d’en finir avec cette guerre. En Algérie, malgré une participation plus faible, les habitants ont voté dans le même sens, à l’exception de la population européenne qui s’inquiète d’une Algérie séparée de la France. En principe, la rubrique locale tient le lecteur à l’écart des événements nationaux et internationaux.  Pourtant le conseil municipal qui s’est déroulé le 22 avril débute par « un appui sans réserve du conseil municipal à Monsieur le Président de la République et au gouvernement pour la défense de l’autorité de l’État et de la légalité républicaine, et une condamnation de l’action misérable entreprise par les chefs de la faction et leurs complices militaires ou civils », ajoutant que ces sentiments sont également ceux de la population. En effet, contre la politique de décolonisation du général de Gaulle et pour garder l’Algérie française, quatre généraux ont organisé un coup d’état militaire le 22 avril 1961 et se sont emparés d’Alger. Quand le compte-rendu de la séance est rapporté le 27 avril, le putsch est terminé car le contingent est resté fidèle à de Gaulle, chef des armées, mais la prise de position du conseil a quand même été relayée. Par ailleurs, les appelés continuent à servir en Algérie et, pour des raisons à la fois symboliques et de proximité, l’envoi de colis par la municipalité à l’occasion de la fête nationale ne manque pas d’être mentionné.

La rubrique relative à Fontaine-lès-Dijon est avant tout un outil de communication pour le maire qui y fait paraître ses arrêtés marqués par l’époque, tandis que les associations annoncent la date de leurs manifestations : bal et voyage des pompiers, présence de l’alambic… C’est ainsi que l’édile rappelle tantôt que les chiens ne doivent pas divaguer, tantôt qu’il est formellement interdit de déposer des ordures, des matériaux ou de la terre sans autorisation écrite dans les carrières qui ne sont plus exploitées et qui parsèment la commune. Il indique qu’une autre opération de dératisation est programmée. En cette année 1961, une nouvelle ligne d’autobus desservant la rue du Faubourg Saint-Martin est mise en service. Son terminus est la mare, ce qui entraine la convergence de deux bus dans le village… Une longue liste de mesures est alors détaillée, rue par rue et tronçon par tronçon, pour interdire ou limiter le stationnement. Quant aux comptes-rendus de conseils municipaux, ils sont aléatoires et annoncent que l’étude des futurs équipements se poursuit : réseau d’eau, terrain de sports. Le principe de l’établissement d’un bureau de poste est entériné place des Carrois : il faudra attendre cependant douze ans pour qu’il sorte de terre… tandis que la deuxième phase de construction du groupe scolaire des Carrois est inscrite au tableau départemental des constructions scolaires à réaliser en priorité. La municipalité demande à l’autorité de tutelle de vendre par lots les friches du Rompot pour installer des chantiers ou des entrepôts. On sait que l’autorité préfectorale refusera en raison du projet de rocade sud… Aucune allusion n’est faite sur le plan d’urbanisme communal, qui pourtant est adopté la même année. Il ne faut pas chercher un journalisme d’investigation dans les lignes consacrées à Fontaine par Le Bien public. Les mises en perspective fouillées d’un sujet, avec rappel du contexte, en présence de plusieurs points de vue n’existent pas et on ne donne pas la parole aux habitants. Les articles sont surtout des informations pratiques.

Sigrid Pavèse

Fontaine-lès-Dijon dans Le Bien public de 1960

En 1960, les prix indiqués sont libellés « NF » car le nouveau franc est entré en vigueur le 1er janvier. En effet, le rétablissement de la situation monétaire de la France a été rendu urgent par son entrée dans le marché commun en 1957, afin d’éviter qu’une monnaie trop faible ne pénalise le pays face à la concurrence allemande. Dans cette optique, une des dispositions phares du général de Gaulle est la création du franc lourd qui divise les prix par 100. Tandis que cette mesure portée par le ministre des finances Antoine Pinay ouvre la voie à une prospérité croissante, Fontaine continue à voir les besoins résultant de l’évolution dynamique de la population s’amplifier, sans pouvoir apporter de réponse immédiate. Certes, la commune poursuit ses travaux d’équipements scolaires aux Carrois et aux Saverney, mais le développement des autres infrastructures nécessaires pour s’adapter au rythme de l’expansion de la population est d’autant plus lent qu’il relève de régimes administratifs, techniques et financiers distincts. Dans les rapports sommaires de deux comptes-rendus municipaux, la litanie est longue des démarches entreprises pour hâter l’amélioration de la distribution électrique, de l’alimentation en eau potable, de l’éclairage public, l’établissement d’égouts, la création d’un service de bus desservant la rue faubourg Saint-Martin, la construction du boulevard extérieur… Il faudra souvent attendre plus d’une décennie avant d’obtenir un début de réalisation.

L’augmentation de la population va également de pair avec l’accroissement du trafic routier. Dans la commune, les accidents se multiplient et un arrêté est pris pour limiter la vitesse à 40 km/h pour les véhicules à moteur et 20 km/h pour celle des bicyclettes, mais tolère une vitesse de 60 km/h rue du faubourg Saint-Martin… La signalisation routière est renforcée et, dans le village, des bandes jaunes continues sont tracées pour marquer l’axe de la chaussée, les rues n’étant pas à sens unique. En 1971, elles changeront de couleur pour se mettre en conformité avec la norme européenne.

Des colis continuent à être envoyés aux appelés d’Algérie mais le Bien public passe sous silence le conseil municipal du 30 janvier 1960, si bien que le vote de confiance à l’unanimité adressé au président de la République par le conseil municipal présidé par le maire Léonce Lamberton, pour rétablir l’ordre et faire respecter par tous l’autorité de l’État, n’est pas rapporté. Cette adresse trouve son origine dans les journées insurrectionnelles qui portent le nom de « semaine des barricades ». En effet, après la reconnaissance le 16 septembre 1959 du droit à l’autodétermination du peuple algérien, des ultras de l’Algérie française ont organisé à partir du 24 janvier des manifestations de protestation au cours desquelles des barricades ont été dressées. Des coups de feu ont été échangés, faisant 22 morts et 147 blessés parmi la foule et les forces de l’ordre. Deux jours avant le conseil municipal, le général de Gaulle en uniforme, avait fait une allocution télévisée où il appelait l’armée à ne pas se joindre aux insurgés qu’il condamnait.

En marge de ces événements, une photo parue en première page du Bien public du 18 janvier 1960 illustre le plaisir dominical de lugeurs et de patineurs sur la mare de Fontaine car une vague de froid courte mais intense a transformé la mare en patinoire naturelle. Cependant, la météo de cette année n’a pas laissé que de bons souvenirs, en octobre, une subvention votée par le conseil municipal pour venir en aide aux sinistrés des inondations rappelle que les pluies tombées sur l’ouest du Massif central ont provoqué des crues sans précédent qui ont fait 20 morts, 30 000 sinistrés et des dégâts matériels considérables.

Parmi les évènements qui ont marqué l’année à Fontaine, la mesure prise en 1956 par Électricité de France d’établir une tension de distribution de 220 volts sur tout le territoire, pour garder la même intensité et permettre de transporter une puissance double dans la même unité de temps, arrive à exécution à Fontaine. Elle entraîna la modification ou l’échange de certains appareils électriques à titre gratuit pour les usagers. Un recensement des appareils en cause fut effectué par des électriciens. À cette époque, les Fontainois comme les autres Français étaient moins équipés en appareils ménagers que les Américains qui, en partie pour cette raison, ont conservé le 110 volts…

Sigrid Pavèse

Fontaine-lès-Dijon dans Le Bien public de 1959

En 1959, Fontaine est une commune qui atteint 2 224 habitants. En quatre ans, la population a augmenté de 28%. Malgré une urbanisation rapide, la ruralité est encore bien présente comme en témoigne un avis du maire aux cultivateurs, les avertissant qu’ils seront verbalisés si des dégradations causées par leurs instruments aratoires surviennent sur le chemin entre Ahuy et Fontaine qui allait être goudronné. Un arrêté rappelle également que l’usage des fusées d’artifice, pétards etc. est interdit en tout temps sur les fêtes et à leurs abords, dans une zone de 200 m autour des habitations, des hangars et des meules de paille, ainsi que sur les champs cultivés en céréales pendant les mois d’été.

En mars, les habitants ont renouvelé leur confiance au maire Léonce Lamberton qui entame son troisième mandat. Les 70% des habitants qui se sont déplacés ont voté pour lui à 77%. Un seul compte-rendu de conseil municipal, celui de novembre, est rapporté. C’est une sèche litanie de ratifications, de fixation d’indemnités, d’approbation de supplément de budget sans aucun développement. Il est question de budget, de démarches, d’adjudication pour les équipements scolaires, mais il est difficile au final de comprendre que les deux premières classes du groupe scolaire des Carrois sont ouvertes à la rentrée de septembre 1959, tandis que s’amorce la deuxième phase de construction du groupe scolaire des Saverney avec la mise en chantier de deux nouvelles classes. On sait que la commune est dotée de trois nouvelles bornes pour lutter contre les incendies et que la nécessité d’un terrain de sport se fait jour.

On retrouve sous la rubrique Fontaine les habituelles communications sur les fêtes, cérémonies, et le bal des pompiers. Il est à noter qu’à l’issue de la cérémonie du 11 novembre, le conseil municipal offre un goûter aux enfants et reçoit les assistants à la cuverie, route de Daix. Cette « salle de fêtes », connue surtout pour avoir été une discothèque, est un débit de boisson ouvert en juillet par la propriétaire de l’hôtel meublé des Cottotes. Les fêtes de saint Bernard sont mises à l’honneur avec une photo de la procession dans le parc et le récit des deux journées de manifestations religieuses : messes, processions, sermons… La foule était si dense qu’elle ne put être contenue dans la basilique  et qu’une partie des fidèles dut suivre les cérémonies à l’extérieur par le biais d’un haut-parleur. Il revint au chanoine Kir « avec la facilité d’élocution qu’on lui connaît » de clore ces fêtes.

Les faits divers sont marqués par l’éclatement dans le bas de Fontaine d’une canalisation d’eau de 70 cm de diamètre qui entraîne des perturbations dans la distribution pendant plusieurs jours.

L’actualité nationale transparaît à travers le communiqué de distribution de colis aux appelés fontainois servant en Algérie. La mention « comme chaque année » indique combien la guerre s’est banalisée. L’annonce de la quête au profit des victimes de la catastrophe de Fréjus s’accompagne de profonds sentiments de pitié et de la volonté municipale de favoriser l’élan de solidarité en faveur des sinistrés après que, dans la soirée du 2 décembre, le barrage de Malpasset au nord de Fréjus s’est rompu sous l’effet de pluies torrentielles, provoquant une vague d’eau et de boue qui a dévasté toute la vallée jusqu’à Fréjus. Cette catastrophe qui a fait 423 morts et 7 000 sinistrés a d’autant plus marqué les esprits, qu’elle s’est passée pendant que ceux qui avaient la télévision regardaient un spectacle de cirque avec le clown Zavatta, « La Piste aux Étoiles ». L’émission a été interrompue pour relater la tragédie et le choc émotionnel fut grand, déclenchant une forte compassion.

Sigrid Pavèse

Fontaine-lès-Dijon dans Le Bien public de 1958

L’année 1958 est marquée par les élections cantonales, en avril, et les élections législatives, en novembre, remportées, à Fontaine, par le Centre National des Indépendants (CNI) fondé en 1949. Ce parti réunit des courants de droite non gaulliste, conservatrice et libérale. Le samedi 19 avril, à la veille du scrutin des cantonales, le maire de Fontaine, Léonce Lamberton, publie une tribune de soutien au candidat sortant du CNI qui se représente, M. Hauser : le code électoral n’empêchait pas alors la promotion publicitaire de la gestion d’une collectivité par un élu pour faire pression sur son électorat et ce, au mépris de l’égalité entre les candidats.

Avec le retour au pouvoir du général de Gaulle, à la faveur du contexte insurrectionnel de mai 1958 lié à la guerre d’Algérie et à l’instabilité gouvernementale, les élections législatives de novembre visent à choisir les députés de la première législature de la Cinquième République dont la constitution a été adoptée, par référendum, le 28 septembre 1958. À Fontaine, six mois après les élections cantonales, le nombre des inscrits s’est accru de 16%. La participation à cette élection est massive (80% contre 55% pour les cantonales). Malgré une percée importante (20%) de l’Union pour la nouvelle République (UNR), parti fondé le 1er octobre 1958 pour soutenir l’action du général de Gaulle, qui remporte les élections nationales, à Fontaine, le CNI (34%) demeure en tête avec François Japiot. Élu député de la Côte-d’Or, ce conseiller municipal de Dijon ne rejoint aucun groupe à l’Assemblée nationale.

En 1958, la population fontainoise atteint 2 000 habitants. Fontaine devient donc une ville et elle fait partie des communes où un plan d’urbanisme devient obligatoire. En 1958, il est en cours de préparation. Dans le domaine scolaire, la situation est difficile mais Fontaine n’est pas prioritaire. C’est ainsi que l’autorité supérieure refuse le préfinancement par la commune de deux classes au groupe scolaire des Saverney, ce qui lui permet de nommer un seul instituteur, qui exerce provisoirement au village dans des classes surchargées, car le groupe des Carrois n’est qu’en cours de construction.

Fontaine bascule vers une société plus urbaine mais la ruralité est toujours très prégnante. En octobre, un avis de la mairie rappelle que la divagation des chiens est formellement interdite tant dans les champs que les rues et chemins et que les chiens de chasse ne peuvent sortir qu’en action de chasse et dans les limites prévues par les lois et règlements. De son côté, en décembre, le syndicat des fruits informe ses adhérents que l’alambic est installé chemin Saint-Martin.

Divers avis montrent des services embryonnaires. Le 1er septembre, le journal titre que la Caisse d’épargne inaugure sa 24e succursale à Fontaine et une photo illustre le vin d’honneur servi à la mairie. Cette succursale est ouverte chez la buraliste du village, Mme Viollet, le lundi de chaque semaine de 10 à 11 h… Pour l’enlèvement des ordures, il est rappelé que les récipients et leur contenu doivent permettre une manutention facile et sans danger. L’usage de caisse en mauvais état est interdit, les clous pouvant occasionner des blessures… En janvier le temps froid occasionne des chutes de neige et le maire redit que l’usage de luges ou de traineaux constituant une gêne ou un danger sur les voies publiques tombe sous les interdictions du code de la route. Des ordres ont été donnés aux services de police pour faire respecter cette interdiction.

Sur le plan culturel, la fête patronale, place des Carrois, le bal des pompiers au café de la place du Perron, les cérémonies mémorielles rythment l’année. La fête nationale n’est pas accompagnée de manifestations festives mais il est demandé aux habitants de pavoiser leur maison. Avec l’UFOLEIS, qui est la fédération de Ciné-clubs de la Ligue Française de l’Enseignement et de l’Éducation, des séances de projection de films de qualité sont proposées à tous par le conseil des parents d’élèves.

Sigrid Pavèse