La vigne au féminin à Fontaine-lès-Dijon: les rapports de genre

En 1984, Madame Guignon accolant la vigne à la paille de seigle. (Concours photo 1984)

À Fontaine, comme ailleurs, les femmes sont transparentes dans les archives communales déjà déficitaires pour ce qui concerne la vigne. Nous ne savons presque rien d’elles. Pourtant elles ont toujours travaillé dans les vignes, car les exploitations étaient surtout familiales et impliquaient toute la famille. C’est elles, n’en doutons pas, qui ont aidé à construire, à Fontaine, l’un des plus grands vignobles du Dijonnais. Juridiquement, socialement, économiquement assimilées à des individus mineurs, les femmes étaient des auxiliaires qui occupaient une place primordiale dans le travail de la vigne mais restaient toujours dans l’ombre de l’homme, en soutien d’un mari, d’un père ou d’un frère[1]. Assignées à une multiplicité de tâches considérées comme subalternes mais indispensables, dans la sphère agricole comme à l’intérieur du foyer, elles étaient corvéables à merci et leur travail était loin d’être le moins pénible. Tout au contraire, il était très éprouvant car les femmes travaillaient souvent courbées.

C’est un fait que le secteur viticole a toujours opéré une différenciation forte des tâches. Les hommes se réservaient celles qu’ils considéraient comme nobles ou plus qualifiées. Ils labouraient et taillaient la vigne mais ce sont les femmes qui ramassaient les sarments, ébourgeonnaient, écrêtaient (rognaient), relevaient, palissaient, coupaient le raisin. Le monde viticole était un monde sexué et les femmes étaient tenues à l’écart de l’élaboration du vin. La cuverie était exclusivement affaire d’homme. Après le phylloxéra, cette différenciation a perduré car la mécanisation a été réservée aux hommes. Pendant la Première Guerre mondiale, les hommes étant mobilisés, les femmes les ont remplacés dans la marche des exploitations mais, avec le retour de la paix, chacun a repris sa place. En 1926,[2] le syndicat des producteurs de fruits de Fontaine-lès-Dijon est ouvert aux femmes non mariées, majeures, et aux veuves majeures mais elles ne peuvent faire partie ni du bureau, ni de la commission de contrôle. En France, quand la féminisation du monde agricole s’est opérée, il n’y avait plus de vigne à Fontaine… et, aujourd’hui, pour s’occuper de la Vigne de Fontaine, on ne voit que des hommes!

Sigrid PAVÈSE

[1] Archives municipales de Fontaine-lès-Dijon, Jeanne Lelièvre, La vie au temps des encendrés.
[2] Article 5 des statuts du syndicat des producteurs de fruits de Fontaine-lès-Dijon adoptés le 9 décembre 1926.

Fontaine-lès-Dijon dans Le Bien public de 1950

En 1950, Fontaine-lès-Dijon apparaît huit fois dans le journal le Bien public, surtout pour des communiqués de la mairie. Certains des avis publiés laissent transparaître les mutations en cours après guerre. Par exemple, en mai,  il est indiqué qu’une assistante sociale se tient à la disposition des habitants de la commune, le deuxième jeudi de chaque mois, de 9 h 30 à 10 h 30, à l’école des garçons. En effet, avec la création des caisses d’allocations familiales et de sécurité sociale par l’ordonnance du 4 octobre 1945, l’action sociale est devenue obligatoire et encadrée. Elle traduit la volonté d’instituer un ordre social nouveau. En 1946, la loi a rendu obligatoire le diplôme d’État de service social pour avoir le titre d’assistante sociale, afin d’assurer à l’usager une garantie de compétence au service du bien commun.

Par ailleurs, l’organisation administrative du régime général de la Sécurité sociale a mis en place une gestion démocratique en donnant aux bénéficiaires eux-mêmes, par leurs représentants et sous le contrôle de l’État, un rôle prépondérant dans l’administration des organismes nouveaux. C’est ainsi que le maire, Léonce Lamberton, fait savoir à ses administrés que le scrutin pour les élections aux conseils d’administration de la Sécurité sociale est ouvert dans la salle de la mairie le 8 juin.

En février, la taxe locale additionnelle  au chiffre d’affaire est portée de 1,50 à 1,75% par la municipalité. La commune institue cette majoration, qui vient d’être permise par la loi, car le produit de l’augmentation lui est acquis en totalité, alors qu’elle manque de ressources et que les centimes additionnels sont bloqués depuis 1949.

En mai, le maire rappelle aux arboriculteurs que le traitement de leurs arbres avec certains produits arsenicaux ou de synthèse est réglementé et qu’il est interdit de traiter pendant la pleine floraison, sous peine de sanction, montre le souci de la municipalité d’éviter de graves dégâts aux ruchers. En 1950, Fontaine compte de nombreux vergers et jardins. Si l’écologie n’est pas encore à l’ordre du jour, la toxicité des insecticides et anticryptogamiques pour les abeilles est connue. Elle a un impact économique pour les producteurs de miel et de cire et la commune entend protéger ses apiculteurs.

En août, c’est une publicité pour le bal Guéritée, qui mentionne la fête patronale et sa date. Guéritée était un entrepreneur de bal qui faisait danser jeunes et moins jeunes sur un parquet installé près de la mare. Ce dancing éphémère était très prisé. Parallèlement, un compte-rendu détaillé et laudatif des cérémonies religieuses nous apprend que plus de 2 000 fidèles sont venus honorer saint Bernard à l’église et à la Maison natale. Si la pratique religieuse baisse, le pèlerinage à Fontaine reste en faveur.

Le 4 décembre, les pompiers de Fontaine  fêtent leur patronne, sainte Barbe, en offrant un grand bal gratuit salle Breton. Il s’agit de la salle de bal du café de la place, qui prend le nom des tenanciers successifs. C’est un décret de l’Assemblée nationale qui avait confié en décembre 1789 aux municipalités « le soin de prévenir par des services nécessaires, les fléaux calamiteux ». Depuis cette date et jusqu’en 1981, la commune a entretenu une compagnie de sapeurs-pompiers-volontaires.

Sigrid PAVÈSE

François Goisset, un hôtelier à Fontaine-lès-Dijon au début du XIXe siècle

Sous la plume de Michel-Hilaire Clément-Janin[1], à propos des hôtelleries dijonnaises, on peut lire qu’au XIXe siècle : « L’activité de Goisset est restée légendaire à Dijon. Il dirigeait quatre établissements : le Chapeau Rouge, la Cloche, le Tivoli et une maison à Fontaine pour les voyageurs malades. Il ouvrait le bal du Tivoli[2] par quelques coups de trombone, – c’était un trombone émérite ! – puis, tout son monde en train, il accourait au Chapeau Rouge, y remuait deux ou trois casseroles sur les fourneaux, causait avec les habitués de l’hôtel, donnait du trombone au bal[3] ; s’en allait à la Cloche jeter le coup d’œil du maître[4], puis à Fontaine, souhaiter le bonsoir à ses malades ».
Le personnage truculent et plein de vitalité qu’évoque Clément-Janin et qui avait un établissement à Fontaine-lès-Dijon est François Goisset (1770-1851). Il était le fils de Jean-Baptiste Goisset (1737-1820) reçu hôtelier du Chapeau Rouge en 1780, à l’origine d’une dynastie d’hôteliers qui va marquer de son empreinte tout le XIXe siècle à Dijon.
En 1812, le très entreprenant François Goisset avait acheté avec sa femme, Philiberte Gouaille, la maison et le clos attenant, 6 rue Bernard-Mathey[5]. Après la Révolution, les bâtiments du domaine avaient été morcelés, aussi n’était-il devenu propriétaire que d’une partie de la maison de maître. L’aspect de la façade de ce bâtiment était alors bien différent de celui qu’on lui connaît aujourd’hui et qui date de 1872. À la faveur d’une succession, en 1832, il rachète « la maison du vigneron », la grande bâtisse perpendiculaire à la rue Bernard-Mathey, à l’est de la cour où l’on pénètre par le grand portail, avec, en face, « le bâtiment Mathey » qui correspond à l’aile en retour d’équerre de la maison de maître[6]. En 1847, sa femme étant décédée, il revend le tout avec ses trois enfants, François, maître d’hôtel comme lui, Jean-Baptiste, maître de poste, et sa fille Élisa, épouse d’un négociant, à des prêtres qui y accueilleront des orphelins[7].
À Dijon, la circulation des voyageurs était importante car au début du XIXe siècle, la ville était un grand carrefour routier où passaient marchands, militaires et personnes qui voyageaient pour leur agrément. Il est donc regrettable de ne disposer d’aucune donnée sur cet établissement d’hébergement pionnier, qui répondait à un besoin, car Dijon comme chef-lieu, était un gros centre d’accueil temporaire.                                                                                                                                        Sigrid PAVÈSE

[1] CLÉMENT-JANIN, Michel-Hilaire, Les Hôtelleries dijonnaises, Dijon, 1878, p. 22.
[2] Un café restaurant « Le Quinconce », agrémenté d’une harmonie, avait été ouvert en 1801 par François Goisset sur la promenade qui correspondait au boulevard de Sévigné. Les bals qui y étaient donnés de jour étaient très fréquentés. On y tirait des feux d’artifice. Des spectacles équestres et de voltige étaient proposés.
[3] L’hôtel du Chapeau Rouge a été exploité par Jean-Baptiste Goisset jusqu’à sa mort en 1820 mais son fils, devenu propriétaire des lieux en 1802, y ouvre un café d’harmonie dans une partie duquel il y a billard, loto, « tabagie », jeux. L’établissement possédait un parquet où l’on dansait. Il y avait un jeu de courte-boule et un jeu de quilles dans la cour, des spectacles et des marchands forains.
[4] L’hôtel de la Cloche, dont François Goisset était propriétaire, était situé alors dans l’actuelle rue de la Liberté au n° 9. Il accueillait des hôtes prestigieux comme le maréchal Ney en 1815.
[5] Archives départementales de la Côte d’Or (ADCO), 4 E 2 art. 2692, 9 octobre 1812.
[6] ADCO, 4 E 14 art. 26, 28 juillet 1832, procès-verbal d’adjudication.
[7] ADCO, 4 E 5 art. 249, 1er mai 1847.

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Commémoration du cent-cinquantenaire des combats des 21, 22,23 janvier 1871 à Fontaine-lès-Dijon : Exposition d’ouvrages, cartes postales, photos à la bibliothèque municipale.

Animations  organisées  par Marie-Jo Leblanc pendant le semi-confinement.

Le jeu des détails : Retrouver un monument à partir d’un indice.

Concours photo : « Le ciel et Fontaine ». L’œil du peintre Nicole Lamaille.

Assemblée générale des Amis du Vieux Fontaine

Les adhérents sont invités à participer à l’assemblée générale ordinaire de l’association qui se tiendra le vendredi 22 janvier 2021 à 18 heures au CAPJ.

Ordre du jour prévu :

  • Approbation du rapport moral et d’activités
  • Approbation du rapport financier

Renouvellement du bureau :
Les membres désirant présenter leur candidature doivent se manifester auprès de la présidente à l’adresse suivante : lesamisduvieuxfontaine@gmail.com
L’association recherche tout particulièrement un nouveau trésorier.

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22 novembre 2020 : Exposition de Claudine Speranza sur le pas de sa porte

Concours photos lancé auprès de nos adhérents pour une carte de vœux AVF 2021