Les inondations à Fontaine-lès-Dijon en 1942

Comme dans toute l’Europe, le froid glacial qui envahit Fontaine-lès-Dijon dans les derniers jours de décembre 1941 persiste jusqu’en février 1942, provoquant l’enlisement de l’armée allemande notamment en Russie. Il gèle tous les jours. Le sol est couvert de neige pendant plusieurs semaines à un moment où le rationnement sévit et où les habitants manquent de tout : vêtements, alimentation, charbon. Ce troisième hiver de guerre est donc particulièrement éprouvant et, à ce froid rigoureux, il faut ajouter, à Fontaine, des inondations exceptionnelles en janvier-février, quand la pluie arrive sur un sol profondément gelé, inondant les caves et les rez-de-chaussée des maisons. Ce phénomène assez rare et de courte durée a touché tout le quartier Combottes-Grand-Champs.

En effet, comme son nom l’indique, la rue des Combottes, qui tire son nom du lieu-dit « les Petites Combottes » figurant sur le cadastre napoléonien, se trouve dans une petite vallée qui s’étend sur 5 ou 6 kilomètres de longueur, depuis les environs de Daix jusqu’au cours du Suzon, en contournant par l’ouest et le sud la butte de Fontaine[1]. Cette vallée est creusée dans des terrains calcaires et elle est presque toujours sèche, car les eaux sont rapidement absorbées par les multiples fissures des calcaires. L’écoulement en surface est rare sauf, comme en 1942, quand les cavités souterraines ne peuvent absorber et écouler l’eau des précipitations. En effet, la congélation de l’eau dans les interstices du sol et du sous-sol, liée au froid intense et durable, a rendu le terrain pratiquement imperméable. L’eau provenant des pluies et de la fonte des neiges a alors été retenue en surface. Elle a formé un torrent passant par-dessus la route d’Hauteville, où il a pu être absorbé par des fissures suffisamment importantes pour que la congélation ne les obstrue pas. Les deux photos offrent une vision saisissante du phénomène, qui fit heureusement uniquement des dégâts matériels mais suscita beaucoup d’émoi.

Sigrid Pavèse

 

[1] CHAPUT (Ernest), « Observation sur la solifluction actuelle aux environs de Dijon », Bulletin scientifique de Bourgogne, Tome X – 1941-1944, fasc. 1, p. 3 et 4.

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