Plaques de rues à Fontaine-lès-Dijon par Nicole Lamaille.
À Fontaine, l’ancienne présence de la vigne a laissé de nombreuses traces que l’on retrouve dans la toponymie, c’est-à-dire les noms de lieux. Un report au cadastre napoléonien permet de reconstituer le paysage viticole d’autrefois et de faire le lien entre les toponymes et la présence de la vigne. En principe, ces noms ont survécu dans ceux des rues ou des quartiers. Néanmoins, l’urbanisation a fait disparaître celui des Vignes neuves, à l’est de Fontaine dans la section des Porte-feuilles et celui des Vignes des Craies, qui désignait des terrains pierreux dans la section des Charmes, au nord du village. Cependant, l’actuelle rue des Vignes créée lors d’un lotissement dans le quartier des Saverney, est une appellation qui ne correspond pas à un lieu-dit ancien, même si la vigne était présente à cet endroit. D’autres noms moins évidents sont en rapport direct avec la vigne. C’est ainsi que la vigne peut être également appelé plante. Au départ, c’est une jeune vigne qui ne produit pas encore ou un lieu que l’on a défriché pour la culture de la vigne. Au sud-est de Fontaine, toute une section du cadastre limitée par la route d’Ahuy s’intitulait Aux Plantes et ne possède pas d’autres noms de parcelles. L’appellation est restée dans l’allée des Plantes et l’allée des Plantes vives. Une autre section plus centrale, celle des Porte-feuilles, comportait une parcelle dite des Portes-feuilles. Cette parcelle se situait à l’emplacement du stade éponyme. Le nom de la section occupée par la vigne est devenu celui d’un quartier, d’une rue et d’une école. On peut voir ici l’allusion soit à un cépage, soit à une manière de tailler la vigne en laissant quelques sarments feuillus. Au sud-est de Fontaine, dans la section des Mazières destinée à la viticulture, existaient les Bonnes mères du bas et les Bonnes mères du haut, un nom rappelé aujourd’hui par la rue des Bonnes mères. En faisant le rapprochement avec le cadastre de Morey-Saint-Denis où il existe un cru célèbre les Bonnes mares on peut penser à une forme qui signifie « piocher ». Le phylloxéra et l’urbanisation ont fait disparaître la vigne à Fontaine, mais pas les noms souvent mystérieux qui étaient attachés à sa présence.
Sigrid Pavèse
[1] TAVERDET (Gérard), « Au nord de Dijon, une Bourgogne sans vignes », La vigne et les vergers, Actes du colloque d’onomastique de Reims, septembre/octobre 1999. Persée, 2002 pp. 183-191 et Petite Toponymes de Fontaine-lès-Dijon, ABDO, 1998.