Le début de 1956 est marqué par un communiqué peu commun de nos jours : deux individus nominativement « soussignés, domiciliés à Fontaine-lès-Dijon, s’excusent publiquement des paroles désobligeantes qu’ils ont prononcées vis-à-vis du corps des sapeurs-pompiers de Fontaine-lès-Dijon qui ne reposaient sur aucun fondement »…
1956 est ensuite rythmé par les traditionnels avis des manifestations qui se déroulent dans la commune : fête patronale, cérémonie commémorative à la stèle des fusillés, bal des pompiers, atelier de distillation… S’y ajoute une kermesse organisée, près de la mare, le 6 juillet, par le cercle Saint-Bernard, avec jeux, attractions, concours de tir, buffet et buvette. Le cercle saint-Bernard était une association paroissiale de jeunes, qui se rassemblaient salle Sainte-Catherine, 19 rue Jehly-Bachellier, pour lire, faire du théâtre, de la musique, des jeux, de la danse, des projections cinématographiques, du sport dans la cour, et proposer des séances récréatives. Avec l’ouverture de la chapelle Saint-Martin, le cercle fut dissous en 1965 et la salle Sainte-Catherine, qui datait de 1908, fut vendue et démolie pour laisser place à une villa.
L’actualité internationale est évoquée au travers de l’invitation du maire à la cérémonie du 11 novembre. Léonce Lamberton demande « à chacun d’unir dans une même pensée tous les soldats des armées françaises et alliées morts pour la patrie soit au cours de guerres mondiales, soit pour la défense de l’Union française ou en Algérie, soit en Égypte ». Il ajoute que « l’hommage des Fontainois ira également aux Hongrois massacrés pour avoir défendu leur liberté ». Comme beaucoup de Français à l’époque, le maire n’est pas hostile au maintien de l’empire colonial mais l’Union française, qui lui a succédé après la Seconde Guerre mondiale, se délite de plus en plus : la Tunisie et le Maroc obtiennent leur indépendance en 1956. À partir de 1954, les appelés du contingent sont envoyés dans les trois départements d’Algérie pendant leur service militaire pour des « opérations de maintien de l’ordre ». Pour certains, le service militaire durera 18 mois, pour d’autres 30 mois, et pendant cette guerre, qui a mobilisé 1,5 millions d’appelés, 15 583 mourront au combat et plus de 7000 seront blessés dans des accidents. Avec la guerre d’Algérie, la question coloniale entre dans les foyers de la métropole et va modifier l’opinion. Ainsi, à Fontaine, en juin, dans un but de solidarité, le conseil municipal demande aux familles des militaires en résidence à Fontaine et qui servaient en Algérie de communiquer leur adresse à la mairie. Cette même année, une autre guerre affaiblit le colonialisme. Le 26 juillet 1956, la nationalisation par le président égyptien Nasser, du canal de Suez, en partie propriété franco-britannique, provoque à l’automne l’attaque de l’Égypte par les troupes Françaises alliées aux Britanniques et aux Israéliens. Malgré leur victoire militaire, les Français et leurs alliés doivent se retirer du canal sous la pression de l’URSS et des États-Unis. Le maire est plus à l’aise pour dénoncer l’invasion soviétique en Hongrie qui se déroule en même temps que la crise de Suez. Il prend fait et cause pour l’insurrection hongroise et révèle sa compassion pour les Hongrois qui ont voulu défendre leur liberté et ont été écrasés par une sanglante répression. Il soutient la quête, le dimanche 18 novembre, des fillettes des écoles publiques de Fontaine-lès-Dijon, qui vendent en porte à porte des insignes au profit du peuple hongrois. Il fait publier le montant respectif de la recette de l’école de filles du village et de celle des Saverney et remercie les donateurs. En 1956, le groupe scolaire des Carrois n’existe pas. L’achat du terrain vient juste de débuter et les écoles ne sont pas mixtes.
En 1956, Fontaine-lès-Dijon apparaît à la une de l’actualité régionale à la suite de l’incendie qui a détruit, le 12 décembre 1956, le bâtiment en bois, d’une quarantaine de mètres, servant de dortoir aux 50 ouvriers logés par l’entreprise Paquet. Cette entreprise spécialisée dans le gros œuvre et qui a pignon sur rue à Fontaine 77 route d’Ahuy, avait son siège social à Arnay-le-Duc depuis 1920, mais deux des fils du fondateur s’étaient installés à Fontaine-lès-Dijon en 1954, chemin Saint-Martin, et avaient ouvert d’importants chantiers à Dijon. Au moment où le feu, provoqué vraisemblablement par le poêle situé au milieu du baraquement, s’était déclaré, le lieu était vide car les ouvriers prenaient leur repas du soir. Le préjudice fut important pour les ouvriers, qui se retrouvèrent sans abri après avoir perdu argent et objets personnels, et pour l’entreprise car il fallut plus d’une heure aux pompiers de Dijon épaulés par ceux de Fontaine-lès-Dijon pour écarter tout danger. Jusqu’en 1981 en effet, la commune avait un corps de sapeurs-pompiers bénévoles qui a été supprimé avec l’installation d’une caserne de pompiers professionnels.
Sigrid Pavèse