On a du mal à reconnaître une vue de Fontaine-lès-Dijon dans ce tableau. Pourtant, Nicole Lamaille l’a peint en 2020 d’après une photo qui avait été prise lors des vendanges de septembre 1997 avant que ne soit lotis les Champs-Rémy et tous les détails sont fidèles à la réalité de l’époque.
Au premier plan figure un benaton, ce panier traditionnel rectangulaire en osier, emblématique des vendanges à Fontaine et dans la côte de Nuits, qui pouvait contenir jusqu’à 30 kg de raisin. Comme on le voit, la poignée est située au milieu dans le tressage de l’osier. Posé sur l’épaule ou sur la nuque, on le portait d’une main par-dessus la tête. Débordant de fruits, il est prêt à partir pour le pressoir du 5 rue François Malnoury. En effet, la vigne appartenait alors à Monsieur et Madame Guignon qui la cultivaient pour leur consommation personnelle et faisaient leur vin eux-mêmes. Elle était vendangée en famille et avec des amis.
La vigne est celle que le père de Monsieur Guignon avait plantée en 1937 en Seibel 5455 avec un intervalle entre les rangs de 1 m et 0,80 m entre les ceps. Elle longe un champ qui a permis dans sa partie haute, l’agrandissement du cimetière et laissé place, dans sa partie basse, au lotissement du quartier des Champs-Rémy à partir de 1999. La haie située au fond existe toujours. Elle a été conservée et a servi de structure, avec une autre qui lui est parallèle, à l’aménagement paysager de l’extension du cimetière. Derrière, à l’horizon et à droite, émerge le blanc des bâtiments du centre commercial de la Toison d’Or inauguré en 1990 mais le parc d’activités Valmy, à gauche, ne sera pas développé avant 2002.
Aujourd’hui, la parcelle est devenue la Vigne de Fontaine. Le benaton bien commode en cas de pluie et qui ventilait le raisin à travers l’osier est remplacé par des bacs en plastique plus légers, plus faciles à empiler et moins chers. Les cépages sont du Pinot et du Chardonnay et la pressée a lieu hors de Fontaine. La vigne a bien été intégrée dans l’extension urbaine mais la construction des immeubles collectifs a impacté la perspective sur Dijon par rapport au point de vue que l’on pouvait avoir en 1997.
Sigrid Pavèse